Egalité des chances et CPE : le contrat de responsabilité parentale, une approche libérale et sécuritaire des problèmes sociaux

Cette idée de suspension des prestations familiales aux familles « non méritantes » est de longue date une idée de droite. Il s’agit là d’une approche libérale sécuritaire des problèmes sociaux.

Je ne peux empêcher de faire le lien entre le rapport de l’INSERM sur les troubles des conduites chez l’enfant et l’adolescent et le futur projet de loi sur la délinquance que nous présentera le ministre de l’Intérieur sans oublier, bien sûr, le non moins consternant - pour ne pas dire choquant - rapport Bénisti sur la délinquance des mineurs et sa courbe de la délinquance.

À la page 7 du rapport figure une courbe sur laquelle il faut s’arrêter car elle passe en revue tous les âges et les difficultés qui y sont liées.

De zéro à 3 ans, il n’y a pas de problèmes majeurs. De 4 à 6 ans, difficultés de langue et comportements indisciplinés : ça commence à s’aggraver. De 7 à 9 ans, les problèmes s’accentuent et la marginalisation scolaire apparaît ; les parents démissionnent ou ne maîtrisent plus l’éducation, enfin, il n’y a pas d’activités post-scolaire. Eh oui, il n’y a pas d’argent dans ces familles !

De 10 à 12 ans, aggravation des problèmes précédents et violences à l’école, redoublements et marginalisation scolaire, début des petits larcins et conflits parentaux accentués. De 13 à 15 ans, on entre dans la délinquance, consommation de drogues douces, absence répétées aux cours, plus aucune activité pré ou post-scolaire : mais que fait la police ? De 16 à 18 ans, consommation de drogues dures, cambriolages, vie nocturne,utilisation d’armes blanches. À partir de 19 ans, entrée dans la grande délinquance, vols à main armée... J’arrête là !

Depuis plusieurs mois, on assiste ainsi à un débat sur le dépistage précoce de la délinquance potentielle chez les enfants qui contient en germe une idéologie sécuritaire, répressive, stigmatisante, inacceptable. L’objectif n’est-il pas de dépister des troubles chez l’enfant, dès son plus jeune âge, afin de les médicaliser, comme c’est le cas aux États-Unis où la Ritaline est déjà prescrite à cinq millions d’enfants ! En France, la prescription de ce type de produits a triplé en quatre ans !

Sous prétexte de prévenir si possible dès la crèche la délinquance, d’aucuns n’hésitent pas à vouloir mettre des bébés sous camisoles chimiques ! L’étude de l’INSERM tend en effet à démontrer que la délinquance serait en quelque sorte inscrite dans les gènes. La génétique, le tempérament, la personnalité, des traits de caractère tels que « la froideur affective, la tendance à la manipulation, le cynisme, l’agressivité » sont associés à la précocité des agressions et font partie, selon les experts, des facteurs de risque des troubles de conduite, au même titre que les antécédents familiaux.

Ce retour à la conception du « chromosome du crime » permet de ne pas se pencher sur la précarité, la pauvreté, le chômage, l’exclusion, la mal vie, les inégalités, la faiblesse de notre système de santé, la situation de la pédopsychiatrie, la psychologie, mais aussi sur le devenir humain de notre société.

Retour en haut