Quelle place donner aux langues régionales ?

A l’attention de M. le Président du centre Regionau d’Estudis Occitans Provença

Monsieur le Président,

C’est avec intérêt que j’ai pris connaissance de votre communiqué de presse. Effectivement, l’examen du Traité de Lisbonne a été l’occasion pour le Gouvernement, en raison d’un article relatif aux langues régionales, d’annoncer un prochain débat sur cette thématique très attendu par celles et ceux qui souhaitent l’adhésion de la France à la Charte européenne des langues régionales et minoritaires.

Si je suis disposé à débattre de cette question par souci démocratique, permettez-moi néanmoins de vous préciser que si je suis favorable à un apprentissage optionnel résultant d’un souhait de l’élève ou de l’étudiant de découvrir les langues régionales ou de parfaire ses connaissances je ne soutiens aucunement l’idée d’un apprentissage systématique, obligatoire des langues régionales et encore moins celle d’une application directe de ces langues à l’ensemble des textes.

Bien entendu, je respecte le choix de certains d’apprendre les langues régionales en tant que sauvegarde de valeurs culturelles, régionales, patrimoniales. Au même titre que quiconque pratique librement ce qui lui semble conforme à ce qu’il croit et à ce qu’il chérit.
Respecter ce choix est une pièce décisive de l’équilibre démocratique.

Mais je suis un fidèle défenseur de la langue française en tant que langue nationale et par-là même en tant qu’entité de l’Histoire de notre pays et ne suis pas favorable à ce que des groupes de locuteurs aient des droits particuliers. Et ce, par principe républicain.

En effet, si la richesse de la France tient en grande partie des diversités qui la composent, la définition de sa force réside dans le fait qu’elle soit une et indivisible parce qu’entre la loi et la personne, il n’y a pas d’intermédiaire.
Or, quiconque intercale une communauté crée alors des droits particuliers pour ses membres et rompt l’unité et l’indivisibilité constitutionnelles de la République. De ces droits particuliers, plusieurs, dont je fais partie, ne voulons pas.

D’autant qu’à vouloir créer l’obligation de témoigner en langue régionale, de disposer d’un traducteur dans un tribunal, de traduire tous les formulaires administratifs en différentes langues régionales, comme le prévoit la Charte, je crains que l’on ne crée une difficulté absolument inextricable, vecteur en outre de communautarisme.

Enfin, plusieurs dispositions favorisant la découverte et l’apprentissage des langues régionales ont été mises en œuvre, je pense notamment au fait que l’État républicain finance les postes pour l’enseignement de ces langues dans les régions où elles se pratiquent.

On peut toujours considérer que ce n’est pas suffisant, néanmoins des mesures existent déjà. Un débat permettra d’en juger et d’envisager s’il est judicieux et nécessaire de les développer.

Pour finir, je souhaite rappeler que réglementation et la législation sont deux choses bien distinctes. Vous exprimez le souhait qu’une « loi donne de vrais droits à votre langue régionale pour qu’elle se développe » or le législateur ne saurait répondre aux spécificités de chacun puisque le propre de la loi est justement d’organiser la vie en société pour assurer collectivement la liberté et les droits de chacun.

Le débat est ouvert, à chacun de l’enrichir.
Restant à votre disposition,

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assurance de mes salutations distinguées.

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