Démantèlement de la « Jungle de Calais » : et maintenant ?

Comme annoncé la semaine dernière, Monsieur BESSON a fait procéder ce matin au démantèlement de la « Jungle » à Calais qu’il qualifie avec le plus grand mépris de « décharge à ciel ouvert ». Mais qui est responsable de cette situation si ce n’est le ministre de l’intérieur de l’époque, Nicolas SARKOZY, qui a fermé le centre de Sangatte obligeant ainsi les migrants à se fabriquer des abris de fortune et à vivre dans des conditions sanitaires très précaires ?

Monsieur BESSON a beau jeu de déclarer qu’il s’attaque de cette façon aux passeurs. En réalité, il s’en prend d’abord et surtout aux migrants qui ne sont que des victimes : victimes d’abord dans leurs pays d’origine des guerres, des famines, des violations des droits de l’Homme ; victimes ensuite tout au long de leur migration des trafiquants ; victimes enfin en France et en Europe d’une politique restrictive et répressive menée en matière d’immigration et d’asile.

Personne n’est dupe : cette fermeture ne va pas régler la question des flux migratoires entre Calais et la Grande-Bretagne encore moins celle plus globale des migrations dans le monde. En revanche, elle va isoler un peu plus les migrants et leur compliquer la vie en créant de nouveaux obstacles. Ce qui fera le lit des trafiquants dont chacun sait qu’ils tirent profit des politiques restrictives en matière d’immigration : en effet plus les dispositifs se durcissent, plus les parcours des migrants se compliquent et plus les tarifs que les passeurs exigent d’eux augmentent.
La situation mérite des solutions humaines et durables en termes notamment d’accès effectif au droit d’asile et de mise en place de structures d’hébergement offrant des conditions d’accueil conformes à la dignité des personnes ; solutions qui sont à l’opposé de celles proposées par le Ministre de l’immigration.

Comment en effet, ces femmes, ces hommes, ces enfants qui ont fui leur pays d’origine à cause des guerres ou de la misère, pourraient-ils accepter d’y retourner volontairement même avec un petit pécule en poche ? Comment pourraient-ils accepter d’être transférés, en vertu des Accords de Dublin II, vers la Grèce qui n’accorde que 0,04 % des demandes d’asile ?

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