Un débat devant la représentation nationale est nécessaire

Un débat devant la représentation nationale est nécessaire - Situation en Libye et en Afghanistan (Artem Beliaikin - https://www.pexels.com/fr-fr/@belart84)

Monsieur le Premier Ministre,

L’évolution de la situation en Libye et en Afghanistan est à bien des égards incertaine et inquiétante.

Dans ces deux pays, les objectifs fixés initialement à l’intervention des coalitions internationales auxquelles participe notre pays ne sont plus d’actualité.
En Libye, la résolution 1973 du Conseil de sécurité semble largement dépassée par la tournure des évènements. Le massacre des habitants de Benghazi a sans doute été évité, mais le blocage de la situation politique est complet.

On évoque d’ailleurs de plus en plus ouvertement l’élimination du dirigeant libyen et actuellement, est annoncé l’engagement d’hélicoptères de combat. Il apparaît donc qu’après deux mois de frappes aériennes, la France se trouve maintenant entraînée dans un engrenage de guerre civile et aucune solution politique négociée n’apparaît.

En outre, ainsi que vient de le souligner le secrétaire général de l’ONU, nous assistons à une dégradation accélérée de la situation humanitaire avec deux millions de personnes touchées, de diverses façons, par un conflit qui a déjà fait des milliers de morts depuis la mi-février.

En Afghanistan, avec l’élimination de Ben Laden, qui certes n’a pas totalement changé la donne, l’objectif qui avait conduit à l’engagement de la France dans ce pays est pourtant en grande partie atteint.

Par ailleurs, l’échec de l’aide militaire et financière apportée à un gouvernement, dont la légitimité et la volonté sont sujettes à caution, pour établir son autorité sur l’ensemble du territoire et assurer la sécurité et la démocratie à sa population, devrait inciter les autorités françaises à en tirer les enseignements et à réfléchir à un changement de stratégie en matière diplomatique, politique et militaire.

En fonction de tous ces éléments, et de l’évolution inquiétante de la situation dans ces deux pays, il devient nécessaire et urgent que les décisions à prendre concernant les orientations de votre politique étrangère et l’engagement de nos forces dans ces pays, soient publiquement exposées lors d’un débat devant la représentation nationale.

Je vous demande donc, Monsieur le Premier ministre, de bien vouloir inscrire rapidement ce débat à l’ordre du jour prioritaire de nos assemblées.

Retour en haut