Non, ce débat n’est pas irresponsable

Je tiens à réagir à la polémique engendrée par les propos de Vincent Peillon, Ministre de l’Education Nationale, quant à la dépénalisation du cannabis.

Le gouvernement ne doit pas tomber dans le piège dans lequel voudrait l’enfermer la droite, en le faisant passer pour irresponsable. La politique ultra-répressive menée sous Sarkozy pendant des années, a été un échec total.
Depuis près d’un an, en tant que sénatrice communiste, je travaille aux côtés de professionnels de santé, de sociologues, et il est évident que ce sujet suscite autant de passions que de confusions dans l’opinion publique.

1. La dépénalisation de l’usage ne signifie pas la légalisation. Cela permettrait de ne pas encombrer les tribunaux et les prisons, tout en maintenant l’interdit. Des exemples de dépénalisation existent, notamment au Portugal, montrant qu’en dépassant les peurs et les préjugés des résultats positifs sont possibles.

2. La pénalisation est une politique qui s’est objectivement montrée inefficace sur la baisse de la consommation notamment, et qui plus est, coûte cher, mobilisant les policiers sur les petits usagers davantage que sur la lutte efficace contre les réseaux.

3. Il faut rappeler que les drogues licites, tabac et alcool, causent chaque année des milliers de décès et autres maladies. C’est donc bien une politique de santé publique prenant en charge toutes les addictions qu’il faut mener avec une prévention importante et une politique d’éducation ambitieuse, sans prendre les choses par le petit bout de la lorgnette.

Prendre cette question au sérieux en créant les conditions d’un débat public, informant réellement les citoyennes et les citoyens, est seul de nature à avancer sur une politique de prévention et de réduction des risques. C’est dans cet esprit que nous avons élaboré une charte que je vous invite à signer.

Intitulée ‘’pour une autre politique des addictions’’ et publiée en juillet dernier, elle bénéficie du soutien de plus de 1500 personnes dont les principales fédérations de lutte contre les addictions. Cette charte appelle à changer notre regard et à modifier la loi afin de mieux répondre aux besoins des personnes addictes en prenant en compte le vivre ensemble et l’exigence de tranquillité publique.

Elle ouvre sur l’organisation d’Etats Généraux, pour lesquels l’engagement du gouvernement est plus que souhaitable.

www.pouruneautrepolitiquedesaddictions.fr copiloté par Anne Coppel et Jean-Michel Costes, respectivement sociologue et Directeur de l’OFDT de 1995 à 2011.

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