Grave alerte de santé

Tribune parue dans Initiatives n°84, juin 2013.

Marisol Touraine a-t-elle vraiment pris l’ampleur de la casse du système de santé ? On ne peut qu’en douter face aux mesures qu’elle propose pour y remédier. Ainsi, alors que l’hôpital public se meurt et malgré la mobilisation des professionnels de santé, la loi HPST reste en vigueur et le moratoire sur les fermetures d’établissements n’est toujours pas à l’ordre du jour.

Difficile dans ce contexte de parler de pacte de confiance ! Le gouvernement et sa ministre de la Santé continuent à défendre une politique peu ambitieuse, car se situant dans le cadre d’un budget contraint. L’austérité ne peut qu’aggraver le manque de personnel, les difficultés à faire tourner les services... Nous pensons, quant à nous, qu’il y a possibilité de faire vivre de nouvelles propositions de financement de l’hôpital, lui permettant d’assurer ses missions de service public. C’est le sens de notre demande de suppression de la taxe sur les salaires.

La ministre s’y oppose sous le prétexte que l’Etat perdrait 3,5 milliards d’euros indispensables au financement de la branche Famille de la sécurité sociale. Certes, supprimer cette taxe reviendrait à priver cette branche d’une somme d’argent conséquente. Mais ne doit-on pas plutôt se poser la question des raisons pour lesquelles l’hôpital est mis à contribution ? La branche Famille, longtemps excédentaire, sert elle-même à suppléer aux manques du Fonds de solidarité qui devrait être financé par des ressources fiscales ! « On déshabille Pierre pour habiller Paul » selon le vieux dicton populaire.

Pourquoi le gouvernement ne décide-t-il pas tout simplement de stopper net les exonérations des cotisations patronales, dont 4 milliards pour la branche famille, ou encore les 20 milliards d’euros offerts au nom du pacte de compétitivité ? Pourquoi n’institue-t-il pas une nouvelle cotisation sur les revenus financiers des entreprises et des institutions financières ? Les exonérations massives de cotisations patronales constituent une perte de ressources pour la Sécurité sociale et un transfert de charges sur le budget de l’État. C’est un glissement de la cotisation des entreprises vers l’impôt des ménages.

Contrairement à ce qu’a dit Marisol Touraine, nous avons des propositions ! Et elles sont soutenues par nombre de professionnels et de comités d’usagers qui considèrent que la santé n’est pas une marchandise. Mener une politique de gauche, c’est répondre aux besoins humains plutôt qu’aux intérêts financiers de quelques grosses firmes pharmaceutiques ou grands groupes privés.

C’est dénoncer les conflits d’intérêts et notamment ceux concernant certains laboratoires. Ainsi, pourquoi la ministre de la Santé n’a pas eu un mot à ce propos, quand je l’ai interrogée sur la politique vaccinale et l’urgence à stopper les vaccins contenant des sels d’aluminium ? Ce ne sont pas les propositions qui manquent, mais la volonté politique de les mettre en œuvre. La gauche peut et doit se rassembler pour le faire maintenant. Il y a urgence, la rue s’impatiente...

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