Le gouvernement s’attaque aux départements : un triple scandale !

Une radio périphérique a annoncé ce matin avoir eu connaissance du futur projet de loi relatif à la décentralisation qui devrait être présenté dans la première quinzaine d’avril en Conseil des ministres. La principale mesure contenue dans ce projet de loi toucherait à la volonté du gouvernement de supprimer les départements en commençant par ceux de la petite couronne qui seraient fusionnés au sein de la métropole du Grand Paris.
Si un tel projet venait à être confirmé, ce serait un triple scandale.

Scandale démocratique d’abord car aucune concertation n’a été engagée avec les départements concernés. Pire, les élus val-de-Marnais qui composent la mission d’information que nous avons créé en Val-de-Marne ont rencontré Marylise Lebranchu le 10 mars dernier. A aucun moment dans l’échange un tel projet n’a été confirmé. C’est bien que les décisions se prennent ailleurs, dans le secret des Cabinets ministériels et en dehors de tout processus démocratique.

Scandale financier ensuite car rien, absolument rien, si ce n’est la parole d’obscurs conseillers techniques de Matignon, ne vient à l’appui des économies qui pourraient être réalisés par une telle fusion. Sauf à supprimer tout ce que les départements réalisent en propre en faveur des populations et des territoires et à réduire les prestations sociales. Si tel devait être le cas ce serait une régression inédite qui porterait gravement atteinte aux conditions de vie de nos concitoyens et à leur pouvoir d’achat. En jeu en Val-de-Marne, les 76 crèches départementales, les ordinateurs remis aux collégiens, le remboursement de la carte imagine’R, la carte Améthyste, les 21 parcs départementaux, le soutien à la culture, au sport, à l’économie, les investissements dans les transports, le logement, les collèges, l’assainissement…

Scandale public enfin. En effet, supprimer, sur le territoire de la métropole, les départements de petite couronne, après avoir supprimé les intercommunalités, c’est éloigner les lieux de décisions des citoyens. C’est réduire l’action publique territoriale à sa plus simple expression. C’est donc une entreprise sans précédent de démolition de la décentralisation et des services publics locaux.

Qu’un gouvernement socialiste s’emploie à un tel jeu de massacre en accentuant encore la mise en cause des collectivités locales engagée par Sarkozy souligne la compromission du pouvoir dans les politiques libérales à l’œuvre en Europe.

Le niveau record d’impopularité de l’exécutif devrait le conduire à réfléchir. S’en prendre aux collectivités locales, aux services publics, aux élus, aux populations, vouloir leur imposer par la force une cure d’austérité de très grande ampleur pour financer les cadeaux offerts aux actionnaires des grands groupes n’est ni un signe de force, ni un signe de sérénité et encore moins un signe de gauche.

J’ajoute que la volonté de supprimer le recours au référendum et à l’avis conforme des assemblées locales élues pour valider ou non de tels projets de suppression en dit long sur la défiance de ce pouvoir vis à vis du peuple et des élus.
Enfin, si de tels projets occupent tant le gouvernement et le conduisent à agir de façon précipitée, il convient d’essayer d’en comprendre les raisons.
Je vois pour ma part trois raisons.

La première et la plus importante, c’est l’alignement servile du gouvernement sur les injonctions de Bruxelles. Il faut vite montrer que la France mets en œuvre docilement les demandes de l’Europe de réduction des services publics et des collectivités locales. La suppression les départements c’est le gage de « bonne conduite » offert aux commissaires européens. Pour ma part je considère que le prochain scrutin européen du 25 mai sera l’occasion pour le peuple de sanctionner de telles pratiques.

La seconde, c’est l’annexion de la banlieue par Paris. Cette métropole qui en rien ne sera une assemblée des maires, mais qui de fait sera dominée par Paris qui comptera près de 90 représentants au sein du Conseil métropolitain, concrétise le vieux rêve de certains au sein de la capitale : annexer purement et simplement sa banlieue pour de nouveau y imposer ce que la capitale ne veut ou ne peut réaliser sur son territoire : logements, usines d’incinération, cimetières, entrepôts, réseaux… Bref la banlieue nouvelle arrière-cour de la capitale.

La dernière, la moins avouable pour le pouvoir, c’est la distribution des postes entre copains. Les candidats ne manquent pas pour la présidence de la métropole, Bartolone, Hidalgo, Le Guen… Ces ambitions personnelles qui se construisent sur les ruines des collectivités locales sont pathétiques et indignes. Que l’on ne compte pas sur moi pour soutenir de tels desseins.
Ces projets sont graves, très graves. C’est pourquoi nous entendons les combattre avec une énergie sans faille. En en appelant à la population, aux élus, aux acteurs économiques, sociaux, associatifs. Et j’en suis convaincu, nous réussirons à faire obstacle à ces projets extrêmement dangereux pour les territoires et les populations.

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