Lettre au Président d’Air France

J’ai appris que des personnels navigants commerciaux féminins en mission sur l’Iran se voyaient imposer le port du foulard et de vêtements amples à la sortie de l’avion à Téhéran. En cas de refus de leur part, ces hôtesses subissent des pénalités financières.
Votre Directeur de Cabinet, Monsieur TARDIEU, évoque, dans un récent courrier, la « tolérance et le respect des cultures et des coutumes » comme étant des valeurs fondamentales. Il évoque aussi le respect des lois dans les pays desservis par la Compagnie Air France.
Je suis parfaitement consciente qu’il y a là une obligation imposée à toutes les femmes en République Islamique d’Iran. Mais on ne saurait assimiler cette contrainte à une « coutume ».
S’agissant des règles établies par la Charia, je ne pense vraiment pas qu’on puisse parler de « tolérance » ou de « valeurs fondamentales ». La laïcité vient d’ailleurs, dans notre pays, d’être réaffirmée comme étant justement une des valeurs qui fondent notre République. Je pense que la Compagnie Air France s’honorerait de porter celles-ci partout dans le monde. Son image ne pourrait qu’en être grandie.
Des femmes mènent en Iran le combat contre l’obscurantisme. Le fait que des citoyennes françaises refusent de porter le symbole de la soumission, celui de la violence faite aux femmes par les intégristes, est légitime. Les hôtesses de l’air défendent leur dignité et leur attitude doit être respectée.
J’ajoute que faire subir des pertes financières à des hôtesses dont beaucoup sont jeunes et perçoivent des salaires peu élevés ou leur laisser comme seule alternative une affectation sur des vols moyen-courriers, c’est de fait, leur refuser toute possibilité de choix. Cela me semble en contradiction avec l’esprit du décret du 11 juillet 1991.
Pourquoi ne pas entendre la proposition du syndicat UGICT-CGT, à savoir mettre en œuvre, sur les lignes France-Iran, le principe du volontariat ? Il a déjà été appliqué à diverses reprises, par exemple lors de la guerre du Golfe. Sur les vols vers La Mecque, le personnel navigant est exclusivement masculin. Une telle solution permettrait à la fois de préserver les intérêts de la Compagnie et de respecter la dignité de ses hôtesses.