Groupe Communiste, Républicain, Citoyen, Écologiste - Kanaky

Les courriers officiels

Colombie : pour une issue au conflit

Par / 21 avril 2005

Lettre au Président de la République

Je tenais à vous dire combien je suis préoccupée par la situation qui prévaut contre les droits de l’Homme en Colombie. J’ai eu à nouveau l’occasion, très récemment, d’entendre des femmes, défenseures des droits humains dans ce pays, parler de leur difficile combat et dire combien l’aide de notre pays serait la bienvenue.
Ces femmes ont en même temps souligné combien les forces progressistes colombiennes et les défenseurs des droits humains restaient très actifs, dans un contexte politique encore assombri par l’adoption de changements institutionnels contraires à la démocratie.
Comme vous le savez, les populations civiles et les défenseurs des droits humains sont les principales victimes du conflit qui sévit en Colombie. Leurs droits sont systématiquement violés, les assassinats et disparitions sont légion. De véritables massacres ont lieu.
Selon le rapport d’Amnesty International pour 2003, plus de trois mille civils ont été tués pour raisons politiques et au moins six cents ont « disparu ». Environ deux mille deux cents personnes ont été enlevées, dont plus de la moitié par des groupes armés d’opposition et des formations paramilitaires. De nombreuses arrestations se font sur simple dénonciation et la suspicion est désormais élevée pratiquement au rang de preuve.
Un rapport de la Consultaoria para los Derechos Humanos y el Desplazamiento (CODHES) évoque une augmentation de 38,2 % du nombre des personnes déplacées en 2004 par rapport à 2003.
Les ONG colombiennes de défense des droits de l’Homme soulignent que 1900 assassinats auraient été commis par les paramilitaires depuis 2002. 95% de ces assassinats ne donneraient lieu à aucune enquête. Les groupes
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paramilitaires bénéficient du soutien de l’armée et restent impunis, le gouvernement colombien préférant négocier avec eux.

Officiellement, il attribue les faits criminels à la délinquance, voire au terrorisme et nie qu’ils soient inhérents au conflit social. Cela renforce l’impunité dont jouissent les auteurs de ces crimes.

La politique gouvernementale colombienne dite de « sécurité démocratique », mise en œuvre au nom de la lutte contre le terrorisme, prend en réalité les droits de l’Homme pour cibles. Toute forme d’opposition politique, syndicale, associative est désormais criminalisée, assimilée à des actes terroristes. Les détentions arbitraires, collectives ou individuelles de la part de la force publique sont systématiques.

Même les « communautés de paix », ces populations civiles qui s’efforcent de faire valoir leur droit à la neutralité, en demandant que les groupes armés restent en-dehors de leur zone d’habitations, déclarées « zones humanitaires de refuge » sont la cible de menaces de morts et d’atteintes à leurs droits, de la part des paramilitaires qui opèrent dans leur région avec le soutien de l’armée.

J’ai rencontré, il y a quelques jours Sœur Cecilia, une religieuse de la Comision Intereclesial de Justicia y Paz (Commission interecclésiastique Justice et Paix) une ONG qui aide ces populations.

Elle m’a parlé de l’assassinat, le 21 février, de huit membres de la Communauté pacifique de San José de Apartado. Plus de cent cinquante homicides et « disparitions » ont touché des personnes de la communauté au cours des huit dernières années. Le 31 mars, quelques jours avant notre rencontre, cinq personnes de la Comision Intereclesial de Justicia y Paz, étaient enlevés. Ils ont été libérés depuis, mais les menaces persistent contre les défenseurs des droits humains appartenant à cette ONG, notamment contre Monsieur Danilo Rueda, qui avait déjà dû fuir le pays après des menaces similaires. De plus, ces populations se voient voler leur terre par les paramilitaires. Justicia y Paz constate une relation entre la culture de la palme et le déplacement de population.

Toutes ces personnes que j’ai entendues souhaitent l’intervention de la France auprès des autorités colombiennes, afin que des enquêtes soient menées pour que les actes criminels commis notamment par l’armée et les paramilitaires ne restent pas impunis. Je me permets de me faire auprès de vous le relais de leur demande.

Plus généralement, j’ai le sentiment, et j’en suis attristée, que, jusqu’à présent, notre pays et l’Union européenne ne jouent pas le rôle qui pourrait être le leur pour aider à Colombie à avancer vers une issue négociée au conflit.

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