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Les courriers officiels

Robert BRET interpelle Abdelhaziz BOUTEFLIKA

Par / 17 mars 2004

A quelques jours des élections présidentielles, Robert BRET demande au candidat BOUTEFLIKA quels sont ses engagements s’agissant du respect des Droits humains en Algérie.

Monsieur Abdelhaziz BOUTEFLIKA
Président de la République d’Algérie

Monsieur,

A quelques jours des élections présidentielles en Algérie, c’est au candidat à une seconde mandature que je m’adresse.
Soucieux du devenir de l’Algérie, soucieux du sort des démocrates algériens qui aspirent à l’instauration d’un Etat démocratique, doté d’une justice préservant l’égalité des Droits de tous les Algériens, je souhaite connaître vos engagements s’agissant du respect des Droits Humains en Algérie.

Les informations qui nous parviennent restent préoccupantes et témoignent d’une multiplication d’atteintes aux Droits de l’Homme et aux libertés individuelles et collectives contraires à l’image d’une Algérie moderne.

Pourtant, si l’Accord d’association entre l’Algérie et l’Union européenne, signé le 23 avril 2003 à Valence dans le cadre du Partenariat euro méditerranéen, concerne essentiellement le commerce, l’intégration économique, la sécurité et le dialogue politique, il contient également une clause contraignante obligeant les parties contractantes à promouvoir les droits humains et à les protéger.

Or, pour l’instant, rien n’a été fait pour traiter les séquelles laissées par 10 ans de violence qui se sont traduites, permettez-moi de le rappeler, par plus de 100 000 morts, 7 000 disparus et des milliers de personnes torturées.

Les citoyens algériens ont droit à la vérité sur les exactions commises ces dix dernières années à l’encontre des civils. La lumière doit être faite, en toute transparence et impartialité pour retrouver les responsables, punir les criminels à l’issue de procès équitables et ainsi reconnaître le droit à réparation des victimes.

Or les autorités algériennes continuent de nier la responsabilité des agents de l’Etat dans la pratique établie des violations des droits fondamentaux au cours de la décennie écoulée. Pire, elles ont exempté de poursuites pénales des milliers de membres des groupes armés « islamistes » alors que certains ont commis des exactions susceptibles de constituer des crimes contre l’humanité et privant ainsi des milliers de victimes de leur droit à réparation.

La négation des faits, des méfaits, est la porte ouverte à leur renouvellement, à leur propagation.
Quels sont vos engagements prouvant votre détermination à poursuivre les responsables de ces actes de barbarie ?

Depuis 1998, des charniers sont découverts sans qu’aucune recherche sur les causes des décès et l’identité des responsables ne soit menée.
Exigerez-vous que des investigations approfondies sur les charniers découverts soient diligentées ? Les corps exhumés seront-ils systématiquement identifiés selon les normes internationales afin de permettre aux familles concernées de faire enfin leur deuil ?

D’autre part, l’Algérie traverse une crise des droits humains d’une ampleur sans précédent.
Cette crise persistante des droits fondamentaux, le refus permanent de l’actuel Gouvernement d’autoriser la présence d’observateurs étrangers pour surveiller l’évolution de cette situation, et enfin l’utilisation abusive de l’argument de « lutte contre le terrorisme » pour justifier les violations massives des droits humains tels que le recours à la torture en détention, les arrestations arbitraires, les détentions secrètes, les disparitions sont autant d’obstacles à la mise en œuvre de l’Accord d’Association entre l’Algérie et l’Union européenne.

En effet, la procédure de ratification par les parlements permet aux élus nationaux d’exprimer au cours du débat qui précède le vote du projet de loi, toutes les réflexions et les attentes, voire les réserves que peut inspirer l’adoption de l’accord.
Bien entendu, si la situation en Algérie n’évoluait pas les démocrates européens feraient barrage à l’adoption de cet Accord d’association.

Il devient donc urgent que les promesses faites par les autorités algériennes cèdent dorénavant la place à des actes concrets pour regagner la confiance des citoyens algériens mais aussi celle des démocrates français et européens.
Quels sont vos engagements pour promouvoir les droits humains, les protéger, les faire respecter ?

Enfin, et dernier point, les libertés individuelles et collectives ne sauraient s’entendre sans la liberté d’expression et d’opinion, droits des plus élémentaires et pourtant encore réprimés, censurés, condamnés.

A ce titre une Algérie moderne se doit de reconnaître la liberté de la presse et le pluralisme politique sans lesquels un Etat ne peut prétendre à la démocratie.
Quelles garanties offrez-vous en direction des journalistes indépendants, des journalistes d’opinion ?
Quelles assurances apportez-vous aux partis politiques, aux militants, à vos opposants ?

Souhaitant que vous vous prononciez sur l’ensemble de ces points, je ne manquerai pas d’informer tous ceux - élus, associations de défenses des droits humains, ressortissants algériens - qui sont soucieux du devenir de l’Algérie du contenu de votre réponse.

Dans cette attente,
Je vous prie d’agréer, Monsieur, l’expression de mes salutations distinguées.

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