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Les questions d’actualité

Avec le vote de la loi, le contrôle de l’action du gouvernement est constitutionnellement l’autre grande prérogative du Sénat. Celle-ci s’exerce notamment au travers des questions d’actualités (deux jeudis par mois), des questions orales, avec ou sans débat, et des questions écrites.

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Monsieur Darcos, cessez la caricature !

Mouvement lycéen -

Par / 18 décembre 2008
Monsieur Darcos, cessez la caricature !
Monsieur Darcos, cessez la caricature !

Monsieur le Président, mes chers collègues, ma question s’adresse à Monsieur le ministre de l’éducation nationale.

Monsieur le ministre, en septembre dernier sur France 2, évoquant la réforme du lycée, vous invitiez les lycéens à s’emparer du débat. Ils vous ont semble-t-il pris aux mots.
A tel point que leur mobilisation, associée à celle des enseignants, des parents d’élèves et plus largement à celle de toute la communauté éducative, vous conduit à reculer sur la question du lycée.

Vous prétendez que cette réforme serait « l’otage d’un mouvement social, n’ayant pas grand-chose à voir avec des questions pédagogiques ».

Ce qui vous inquiète justement, c’est que peu à peu, se révèle la cohérence de la politique conduite par le gouvernement.
La déconstruction du service public - dont celui de l’éducation - en est un maillon, comme l’est aussi celle du code du travail.

De fait, une aspiration semble se dessiner largement dans notre pays.
Cette aspiration, c’est celle qui porte l’exigence d’égalité et d’équité, bref de services publics vecteurs d’un véritable recul des inégalités.
Cette mobilisation prend de l’ampleur.

A l’école, elle s’exprime sous diverses formes : manifestations comme aujourd’hui, réveillons revendicatifs dans des lycées, nuits blanches dans des écoles primaires.
Et, fait inédit, actions de désobéissance. Des enseignants du primaire déclarent publiquement, au risque de sanction, leur refus d’appliquer votre réforme. Contestation que la loi sur le service minimum votée en urgence cet été n’a pas faire taire. Loi dont mon groupe défendra prochainement l’abrogation.

Pour calmer cette inquiétude légitime, vous annoncez par exemple, un plan national de formation des enseignants au traitement de la difficulté pour palier la suppression de 3000 Rased.

Mais avec quels moyens ? Les crédits pour la formation des enseignants baissent, budget après budget.

Vous assurez que les suppressions de postes n’affectent pas l’encadrement pédagogique. Comment expliquez alors aux parents, qu’à force de suppressions de stagiaires, c’est l’Anpe qui recrute des cdd, à 8,71 euros de l’heure, pour assurer des remplacements.

Monsieur le ministre, il faut cesser la caricature !

Les enseignants, les parents d’élèves, les lycéens ne refusent pas la réforme. Ils refusent votre réforme parce qu’elle est régressive pour l’école publique et à l’opposé des besoins de notre système éducatif pour assurer l’élévation du niveau de connaissances et de formation de tous et toutes.

Aussi, Monsieur le ministre, ma question est simple : quand allez vous « repartir à zéro », pas seulement pour le lycée mais pour toute l’école ?

M. Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale. Madame la sénatrice, en ce qui concerne la réforme du lycée, je vous répondrai très clairement...

M. Jean-Pierre Sueur. Et sans hésitation !

M. Xavier Darcos, ministre. ... et sans hésitation, effectivement, en répétant d’ailleurs ce que j’ai déjà dit à plusieurs reprises, que nous allons reprendre les choses de zéro. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

M. François Autain. Table rase !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Oubliée, la réforme Fillon sur l’école !

M. René-Pierre Signé. Marche arrière toute !

M. Xavier Darcos, ministre. Nous allons, ensemble, reconsidérer complètement le dossier, en prenant le temps nécessaire, de sorte que nul ne puisse nous accuser d’agir à la va-vite, pour d’autres raisons que le seul souci de l’intérêt des jeunes de ce pays.

M. Jacques Mahéas. Vous allez ouvrir les lycées le dimanche ?

M. Xavier Darcos, ministre. Permettez-moi, madame la sénatrice, de vous rappeler les grands principes de la réforme, auxquels je reste très attaché. Je ne comprends d’ailleurs pas qu’ils puissent être discutés. (M. Jacques Mahéas s’exclame.) Attendez que je les cite, monsieur Mahéas, avant de porter un jugement !

Nous voulons que tous les lycéens aient une culture commune, que l’aide dont ils bénéficieront soit personnalisée, afin de soutenir davantage ceux qui sont le plus en difficulté.

M. Jean-Luc Mélenchon. Truismes !

M. Xavier Darcos, ministre. Nous voulons leur permettre un second choix d’option si le premier se révèle erroné et les place en situation délicate, afin d’éviter l’échec.

Mesdames, messieurs les sénateurs, d’aucuns nous accusent de vouloir instaurer un système scolaire injuste. Mais regardons la réalité de la situation actuelle : peut-on s’en satisfaire ?

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Non !

M. Xavier Darcos, ministre. Voilà deux jours, l’OCDE a publié des statistiques montrant que le système éducatif le plus injuste de tous les pays développés,...

M. Jean-Luc Mélenchon. Ah non, pas vous, monsieur le ministre !

M. Xavier Darcos, ministre. ... c’est-à-dire celui où la réussite est le plus liée aux déterminismes sociaux,...

M. Jean-Luc Mélenchon. Ne discréditez pas le système français en vertu de critères anglo-saxons ! Vous êtes un ministre français, tout de même !

M. Xavier Darcos, ministre. ... c’est le nôtre, avec celui de la République tchèque !

M. François Autain. Monsieur le ministre, vous exagérez !

M. Xavier Darcos, ministre. C’est regrettable, mais c’est la réalité !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Défendez le modèle français, monsieur le ministre, au lieu de démanteler le service public de l’éducation !

M. Xavier Darcos, ministre. En France, le milieu d’origine, social et familial, continue d’influer très fortement sur le pronostic scolaire.

M. Jean-Luc Mélenchon. Ne discréditez pas l’éducation nationale !

M. Xavier Darcos, ministre. Ce n’est pas la discréditer que de dire la réalité ! Cela légitime notre objectif de mettre en place un système qui s’adapte mieux aux élèves, qui permette de répondre à leurs besoins !

M. Jean-Luc Mélenchon. Ce que vous faites n’est pas correct ! Un ministre de l’éducation nationale qui discrédite l’éducation nationale !

M. Xavier Darcos, ministre. D’ailleurs, madame Gonthier-Maurin, ces grands principes que je viens de rappeler sont précisément ceux sur lesquels nous nous étions mis d’accord avec les représentants des personnels et des lycéens. Nous ne les abandonnons pas !

Aujourd’hui, les circonstances imposent manifestement un surcroît d’explication et l’adoption d’une méthode de travail différente. Nous allons nous y employer, mais nous ne changerons rien à l’objectif de la réforme, car notre action est dictée par le souci de l’intérêt général, du bien de la nation. Nous travaillons pour l’avenir !

Mesdames, messieurs les sénateurs, je m’adresse aux élus que vous êtes : qui a intérêt à entretenir une confusion entre l’inquiétude des lycéens et leur besoin de dialogue, d’une part, et les événements qui se produisent çà et là dans nos quartiers, d’autre part ? Je regrette qu’un certain nombre d’élus, ainsi que le parti socialiste, qui défile aujourd’hui avec les lycéens, puissent indirectement encourager les débordements auxquels nous assistons.

M. Alain Gournac. Très bien !

Mme Brigitte Gonthier-Maurin. Continuez ainsi : vous allez être balayés !

M. René-Pierre Signé. On ne peut pas tout accepter !

M. Xavier Darcos, ministre. Ce n’est pas ainsi que l’on défend la jeunesse ! Je vous le dis : dans quelques années, quand on fera le bilan de tout cela, les jeunes verront bien qui, du gouvernement de François Fillon ou de ceux qui défilent aujourd’hui, les a vraiment aidés ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l’UMP et de l’Union centriste. - Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

M. Jean-Luc Mélenchon. Vous venez dénigrer l’éducation nationale devant le Sénat : c’est un comble !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C’est déshonorant !

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