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Une concession faite aux forces les plus rétrogrades du pays

Classement en monument historique de la basilique du Sacré Cœur -

Par / 22 octobre 2020

Question écrite n° 18367

M. Pierre Laurent attire l’attention de Mme la ministre de la culture sur le classement en monument historique de la basilique du Sacré Cœur à Paris en 2021. Une résolution adoptée par l’Assemblée Nationale en 2016 avait pour objet de rendre justice aux victimes de la répression de la Commune de Paris de 1871. Elle souhaitait notamment que la République rende honneur et dignité à ces femmes et ces hommes qui ont combattu pour la liberté au prix d’exécutions sommaires et de condamnations iniques ainsi que soient réhabilitées les victimes de la répression de la Commune de Paris. Le classement comme monument historique du Sacré Cœur, symbole s’il en est de cette répression et du retour au pouvoir des forces les plus réactionnaires, ne peut qu’être perçu comme contradictoire avec cette logique. Il apparaît aux yeux de beaucoup comme une concession faite aux forces les plus rétrogrades du pays. C’est pourquoi il lui demande ce qu’elle compte faire en vue d’une annulation de cette mesure. Il lui demande également d’agir pour qu’une station du métro parisien soit nommée « Commune de Paris-1871 ».

Réponse de Mme la ministre de la culture
Publiée le : 25/02/2021, page 1326
Texte de la réponse : La protection d’un immeuble au titre des monuments historiques est motivée par la reconnaissance de son importance au regard de l’histoire et de l’art, indépendamment de son état de conservation. S’agissant de la basilique du Sacré-Cœur de Paris, son édification, au-delà des intentions de ses promoteurs, s’inscrit indiscutablement dans l’histoire complexe de l’époque, et plus largement au sein du débat autour de la place de la religion et de l’Église dans la société avec les mesures de sécularisation, la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des églises et de l’État et la rupture des relations diplomatiques avec le Saint-Siège entre 1904 et 1921. Le vœu de construction de la basilique formulé en janvier 1871 pendant le siège de Paris par deux notables parisiens, après celui de la construction de la basilique de Fourvière à Lyon, intervient peu de temps avant l’avènement de la Commune de Paris. Le chantier s’étendra jusqu’au milieu des années 1920. La basilique du Sacré-Cœur représente par ailleurs le chantier religieux le plus important de son temps, marquant un jalon considérable dans le développement du style néo-roman allié aux références byzantines. Le chantier fut confié à l’architecte Paul Abadie, qui mena sur la cathédrale Saint-Front de Périgueux couverte de coupoles une opération de restauration proche de la reconstruction et dont il s’inspira notamment pour l’édification du Sacré-Cœur. De la volonté même de l’architecte, la richesse du décor est réservée à l’intérieur. La mosaïque mise en place entre 1921 et 1923 dans le chœur de la basilique occupe ainsi une place privilégiée dans l’édifice et constitue, avec sa surface de 475m2, l’une des plus grandes du monde. On compte plus de soixante artistes ayant contribué à la décoration, sans compter ceux qui ont réalisé les pièces d’orfèvrerie ou les ornements liturgiques. Cet édifice, dont d’autres constructions s’inspireront, telles que la basilique Sainte-Thérèse à Lisieux, constitue ainsi non seulement un témoin historique notable, mais aussi une réalisation majeure au regard de l’architecture et de l’art. De plus, outre son inscription dans le paysage parisien et national, on ne peut ignorer le renom international de la basilique du Sacré-Cœur, un des monuments emblématiques de Paris, le plus visité de la capitale après la cathédrale Notre-Dame (avant son incendie) et que beaucoup croyaient déjà protégé au titre des monuments historiques. Lors de sa séance du 13 octobre 2020, la commission régionale du patrimoine et de l’architecture a émis un avis favorable à l’inscription au titre des monuments historiques assorti d’un vœu de classement de la basilique, au regard de ces considérations et indépendamment de toute sélection d’une mémoire particulière. C’est ainsi que l’édifice a été inscrit par arrêté du préfet de la région Île-de-France en date du 8 décembre 2020. On peut ajouter que c’est bien en considération de l’histoire nationale sous ses différents aspects que la commission régionale a proposé, lors de la même séance, l’inscription de la statue incarnant la République située place de la République à Paris, symbole de l’implantation du régime républicain et point de ralliement de nombreuses manifestations politiques, syndicales et citoyennes. Le ministère de la culture n’est enfin pas compétent pour ce qui concerne la demande d’un changement de nom d’une station du métro parisien pour « Commune de Paris – 1871 », qui relève d’Île-de-France Mobilités.

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