Les questions écrites
Recruter et fidéliser les jeunes enseignants
Question écrite au ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse -
Par Eric Bocquet / 2 novembre 2023Question écrite publiée au Journal Officiel le 2 novembre 2023
M. Éric Bocquet attire l’attention de M. le ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse sur la hausse importante des démissions d’enseignants.
Si les chiffres bruts peuvent sembler bien modestes, voire insignifiants, de l’ordre de 0,34 % de l’effectif global, il n’en demeure pas moins qu’ils ont été multipliés par six en une douzaine d’années, passant de 364 démissions en 2008/2009, à 1 232 en 2016/2017, et à 2 411 en 2020/2021. On constate une forte accélération de ce mouvement et même un doublement ces quatre dernières années.
Plus inquiétant encore, ce sont les stagiaires et les jeunes titulaires qui démissionnent le plus.
Ce phénomène nouveau est à mettre en relation avec les difficultés récurrentes que rencontre le ministère à pourvoir l’ensemble des postes proposés aux différents concours de recrutement de l’enseignement public.
Pour mémoire, en 2023, 20 832 candidats se sont inscrits aux épreuves du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (CAPES) externe de l’enseignement public, mais seuls 11 269 se sont réellement présentés aux épreuves d’admissibilité, pour 5 203 postes offerts, c’est-à-dire à peine plus de deux candidats par poste proposé, et 4 337 candidats ont été admis, soit un déficit de 866 postes.
Les résultats sont très inégaux en fonction des disciplines. Aux épreuves du CAPES de mathématiques, on compte 1 495 présents aux écrits, 790 sont admis pour 1 040 postes à pourvoir, ce qui signifie que 250 professeurs de mathématiques n’étaient pas présents devant les élèves à la rentrée. La situation est tout aussi inquiétante dans de nombreuses matières comme les lettres modernes (755 postes, 1 063 présents, 606 reçus, déficit : 149 postes) et classiques (134 postes, 69 présents, 41 reçus, déficit : 93 postes) ou encore en allemand (205 postes, 119 présents, 86 reçus, déficit : 119 postes). Et dans les matières où la pénurie est moins criante, le vivier est en forte diminution, ce qui est inquiétant pour l’avenir de notre école et de ses élèves.
Dans le premier degré, la situation est très inégale en fonction des départements mais, globalement, en 2023, 17 808 candidats se sont présentés aux épreuves du concours de recrutement de professeurs des écoles (CRPE) externe de l’enseignement public pour 8 159 postes à pourvoir, soit à peine plus de deux candidats pour un poste, un des ratios les plus faibles de ces 30 dernières années. Si toutes les académies peinent à recruter, la situation devient alarmante dans les académies de Versailles, avec 578 postes non pourvus sur 1 285 mis au concours, de Créteil (561 postes non pourvus sur 1 166) ou de Guyane (115 postes non pourvus sur 165).
Cette situation risque de s’aggraver encore dans les prochaines années car, selon la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES), d’ici 2030, plus de 329 000 enseignants vont partir à la retraite mais seuls 261 000 jeunes sortis d’études débuteraient dans ce métier, soit un déficit de 68 000 postes.
Aussi, il lui demande quelles mesures concrètes et urgentes il compte mettre en œuvre pour rendre à nouveau attractives les carrières de l’enseignement public et s’assurer ainsi que chaque classe ait devant elle un enseignant formé et compétent dans les années à venir.