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Les questions orales

L’ensemble des questions orales posées par votre sénatrice ou votre sénateur. Au Sénat, une question orale peut, suivant les cas, être suivie d’un débat. Dans ce cas, chaque groupe politique intervient au cours de la discussion.

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Politique du sport

Par / 11 février 2003

par Annie David

Monsieur le président,
Monsieur le ministre,
Mes chers collègues,

Jamais les héros de l’Olympe moderne n’ont été tant glorifiés. La formule est du spécialiste du sport, Georges Vigarello.
Jamais ils n’ont été, en revanche, tant épuisés de courir après la performance, transformés en "hommes-sandwichs" de la publicité contemporaine.
Dans notre société le sport-spectacle se donne en miroir idéal.

Il crée un mythe d’autant plus important qu’il masque les questionnements et les grands avertissements de notre époque.
Le sport-spectacle "donne à croire". Il convient parfaitement aux exigences des industries de l’image, du spectacle, de la réussite par l’argent, de l’évènementiel.
Mais ses enjeux mêmes le soumettent lui-même à l’argent et aux pratiques médiatiques. Ils tendraient à favoriser affairisme, dopage, trucages, malversations. Prenons, pour exemple, le fait que les droits de retransmission sportive connaissent une véritable inflation jugée inquiétante par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).

Face à cette utilisation du sport, cette marchandisation, il s’agit pour nous, sénatrices et sénateurs du groupe CRC, de construire une alternative : garantir un contenu éducatif et humaniste dans tous les secteurs sportifs (sport pour tous, sport de haut niveau, EPS à l’école, APS dans les centres de loisirs ) et dans les domaines de l’information, de la communication, du spectacle.
C’était, il me semble, l’ambition des Etats Généraux impulsés par le Président Jacques Chirac et mis en oeuvre par vous, Monsieur le Ministre.

Or leur organisation s’est faîte en un temps réduit, de la mi-septembre à début décembre.
Organisés conjointement avec le CNOSF, on peut estimer que 6000 à 10000 personnes y ont participé, alors que l’on recense 28 millions de pratiquants.
Les organisations syndicales, les partis politiques ont été ignorés, ainsi que le Ministère de la Jeunesse, de l’Education Nationale et de la Recherche et les associations d’Education Populaire.
Tant dans les régions qu’au niveau national, dans la très grande majorité des cas, les intervenants étaient pré-désignés et la salle dans l’impossibilité de s’exprimer.

Les Etats Généraux en région se sont déroulés parallèlement au travail des groupes nationaux, au lieu de les alimenter. Par ailleurs, je déplore le manque de représentation féminine dans la constitution de ces groupes. En effet, le pourcentage de femmes, membres des différents groupes, s’élève à peine à un peu plus de 5%.
Monsieur le Ministre, vous affirmez que les femmes ont leur place dans le sport, pourquoi alors n’y sont-elles pas mieux représentées ?

Les EGS, Etats Généraux du Sport, ont pris fin le 8 décembre et se sont traduits par le rapport des groupes nationaux sur les 6 thèmes retenus et par un rapport de synthèse des états généraux en région.
Ainsi, pour ne citer que celui de la région Rhône-Alpes, il préconise notamment, la pérennité du FNDS, l’accroissement du système d’aide individuel pour les populations les moins solvables à travers les coupons sports, de prendre en compte la pratique féminine dans les aides publiques et de désigner le ministère des sports comme le seul interlocuteur d’Etat du mouvement sportif. C’était d’ailleurs dans ce sens qu’abondaient les innovations de Marie Georges BUFFET.

Pourquoi, Monsieur le Ministre, avoir initié les Etats Généraux du Sport, si certaines de leurs propositions resteront lettre morte ?
Le FNDS, dans sa forme actuelle, donne satisfaction en terme de gestion mais aussi en terme de soutien à des projets de développement.
Or, il est question ici d’une « fondation du sport » pour mettre le FNDS en conformité avec la nouvelle loi organique. Une « Fondation », Monsieur le Ministre, comme je vous l’ai déjà dit en Commission, ne me semble pas appropriée et m’apparaît même dangereuse, car cela fait appel à des capitaux privés de manière importante.
La « Fondation » peut devenir une forme de privatisation et les nouvelles régulations qui en découleraient entraîneraient progressivement la disparition de la souveraineté de l’autorité sportive.

Aussi, devons-nous laisser aux mouvements sportifs le pouvoir d’organiser les compétitions et d’en définir les règles ? Ou bien devons-nous laisser un groupe privé organiser un championnat à sa guise ?
Quant aux coupons sport, ils sont supprimés, ainsi que la ligne budgétaire sport et femmes. De même, il y a une baisse de l’engagement de l’Etat relatif aux plans emplois sport, aux contrats éducatifs locaux et à la lutte contre le dopage. En somme, tout l’inverse du rapport.
Et la proposition relative à l’Etat comme seul interlocuteur, qui me semble être une proposition que l’on doit retenir, elle va à l’encontre de votre politique axée sur une décentralisation accrue.
Dans ce contexte, vous nous parlez, Monsieur le Ministre, d’« observatoires du sport » dans chaque région ?
Pourquoi pas ! Mais les informations seront recueillies auprès de qui et pour faire quoi ?

L’orientation politique du gouvernement est à la décentralisation et aux transferts des responsabilités politiques vers les régions. Aujourd’hui elles participent déjà financièrement aux activités physiques et sportives, mais le rôle de l’Etat reste fort. Qu’en sera-t-il demain de cette participation financière et de la responsabilité juridique et administrative ? Qui légiférera en matière de sécurité, d’encadrement, de financement, etc ?

La logique marchande l’emporte en devenant plus forte que la logique associative. La pratique non marchande, reposant sur la loi 1901, ne peut se développer et être d’intérêt général, que si elle est aidée financièrement. A propos de tissu associatif, je vous rappelle le rôle des bénévoles, sans qui aucune activité ne pourrait voire le jour. Ils ont besoin d’une reconnaissance forte de leur statut par votre ministère, à travers notamment une aide à la formation, un encouragement à la disponibilité. Une campagne de promotion au sein des entreprises, mais aussi au sein du cursus scolaire, serait également la bienvenue.
Il est urgent, pour votre ministère, d’obtenir un budget efficace pour le bon développement et la démocratisation des sports.
Dans le sport , la visée éducative, sociale et culturelle est fondamentale et dépasse, peut-être, les visées lucratives.

Qui niera les facultés d’intégration dans le tissu social de ceux là même qui pratiquent les activités physiques et sportives : goût de l’effort, dépassement de soi, respect des autres et de soi même, solidarité, tolérance ?
La pratique sportive est une condition nécessaire, mais insuffisante, pour apporter aux individus toutes ses vertus. C’est en ce sens qu’on ne peut se limiter à la consommation de l’activité et du spectacle sportifs. Il faut engager un effort d’appropriation, de critique, de transformation.

Favorable à la singularité de la pratique sportive, au travers, pourquoi pas, « l’exception sportive », je ne pense pas qu’il faille entrer dans la logique de concurrence commerciale du sport européen : l’opposition entre sport pour tous et sport de haut niveau est massivement refusée par le mouvement sportif qui irrigue notre pays et c’est ce maillage d’expériences qui permettra la préparation olympique de haut niveau en vue des jeux d’Athènes 2004.
Monsieur le ministre, en conclusion, pouvez-vous me dire quelle sera votre action pour une démocratisation de l’accès aux pratiques sportives pour tous et du fonctionnement du mouvement sportif, pour le développement d’un véritable service public des APS (activités physiques et sportives) ?

Pouvez-vous me dire également, en ce qui concerne l’EPS (éducation physique et sportive), quel rôle vous compter lui accorder, ainsi qu’au sport scolaire, pour lui redonner toute sa mission éducative et sociale ?

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