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Les questions orales

L’ensemble des questions orales posées par votre sénatrice ou votre sénateur. Au Sénat, une question orale peut, suivant les cas, être suivie d’un débat. Dans ce cas, chaque groupe politique intervient au cours de la discussion.

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Statut de l’élu local

Par / 22 janvier 2008

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, notre collègue Jean Puech nous soumet aujourd’hui une question qui devient désormais récurrente à la veille d’élections municipales et cantonales, celle du statut de l’élu.

Elle est récurrente car elle n’a jamais été véritablement réglée. Pourtant, ce n’est pas faute d’initiatives parlementaires en la matière : les élus communistes s’en préoccupent depuis presque une vingtaine d’années, notre groupe ayant déposé, dès 1989, une proposition de loi sur les fonctions électives.

Par la suite, que ce soit à l’Assemblée nationale ou au Sénat, nous n’avons eu de cesse, en déposant de nouveau la même proposition de loi, de tenter d’améliorer le dispositif que nous proposions, afin de le rendre toujours plus conforme aux attentes des élus et des citoyens.

L’élaboration, ou plutôt l’ébauche, d’un statut de l’élu a été réalisée par la loi du 3 février 1992, qui a permis aux élus locaux d’acquérir un certain nombre de droits, notamment des autorisations d’absence et des crédits d’heures pour les élus salariés, le droit à une formation adaptée à leurs besoins, des indemnités de fonction ou encore un droit à pension. Nos propositions vont cependant plus loin que les dispositions de la loi de 1992 ou des lois ultérieures.

Les échéances municipales ont en effet l’avantage de donner un regain d’intérêt à la question du statut de l’élu. Aux mois de janvier et de février 2001, nous avons étudié une proposition de loi sur le statut de l’élu et la proposition de loi de notre collègue Jacqueline Fraysse sur les fonctions électives locales. Dans les deux cas, la navette parlementaire a été interrompue et aucun de ces deux textes n’a abouti.

La loi relative à la démocratie de proximité, de février 2002, a permis de répondre en partie à certaines attentes - les droits des élus locaux ont été renforcés et les conditions d’exercice du mandat ont été améliorées afin de faciliter l’articulation de ce mandat avec leur activité professionnelle - mais non de créer un véritable statut.

Depuis, et malgré tout, les problèmes subsistent. Mes collègues du groupe communiste républicain et citoyen et moi-même avons proposé de faire adopter des propositions lors de l’examen du projet de loi sur la parité de décembre 2006, et ce lien n’est pas neutre.

Le statut de l’élu doit en effet favoriser aussi l’égal accès des femmes et des hommes aux fonctions électives. Des mesures purement quantitatives sont bien insignifiantes, voire méprisantes, si l’on se prive d’une réflexion sur ce qui entrave l’engagement politique des femmes.

Malheureusement, la loi de décembre 2006 ne fait dépendre l’accès des femmes aux mandats locaux et aux fonctions électives que de mesures législatives favorisant la parité. Toutes les propositions que nous avions formulées furent à nouveau refusées.

Pourtant, chacun d’entre vous, mes chers collègues, le sait : la fonction d’élu local, notamment de maire, suscite de moins en moins de vocations. Le champ des responsabilités des maires ne cesse de s’accroître au fil des lois : je citerai ainsi la loi relative à la prévention de la délinquance ou bien encore la loi à venir sur les chiens dangereux. Les nombreux transferts de compétences organisés depuis la loi Raffarin de 2003 mettent les élus locaux, notamment les élus départementaux, face à d’insolubles problèmes d’équilibre financier.

La disparition progressive des services publics dans nos campagnes, outre le fait qu’elle encourage la désertification et l’appauvrissement des communes rurales, n’aide pas non plus les élus à satisfaire les demandes toujours plus fortes de nos concitoyens en matière de solidarité et d’actions locales.

Face à cet accroissement des responsabilités, il n’est pas étonnant que l’absence d’un véritable statut de l’élu se fasse d’autant plus ressentir.

C’est, d’ailleurs, ce que traduit parfaitement le sondage TNS-SOFRES cité par notre collègue Jean Puech. Nombreux sont les découragements, les lassitudes exprimés par les élus locaux.

Certes, dans ce contexte, nul ne peut nier qu’il est urgent de nous remettre à travailler sur la question de la création d’un statut de l’élu.

Cependant, nous ne pouvons nous contenter d’une simple question orale, dont le dépôt d’ailleurs prouve bien qu’à force de repousser le véritable traitement du problème ou d’y apporter des réponses partielles, nous n’avons guère progressé depuis 2002.

En effet, la mise en place d’un statut doit favoriser le renouvellement, contribuer à diversifier les appartenances socioprofessionnelles des élus. Aujourd’hui, malgré les incitations législatives en direction des élus salariés, force est de constater que la grande majorité des élus sont issus de la fonction publique ou sont retraités. La situation est pire s’agissant des professions indépendantes.

Il est toujours aussi difficile de concilier sa vie professionnelle avec son mandat électif. Et je ne parle pas de toutes ces femmes qui veulent s’investir en politique ou tout simplement dans leur commune.

La situation est en l’espèce quelque peu paradoxale, car la loi prévoit - reconnaissons-le - un certain nombre de droits en faveur des élus locaux. S’ils bénéficient d’autorisations d’absence pour participer aux réunions liées à leur mandat, de crédits d’heures pour leur permettre de disposer du temps nécessaire à l’administration de la collectivité, d’un congé électif pour préparer la campagne, d’un droit à une formation adaptée, ainsi que d’indemnités de fonction et de quelques remboursements de frais, l’ensemble de ces droits ne suffit toutefois pas à sécuriser les élus déjà en poste ou à attirer des candidats potentiels.

D’une part, si les fonctionnaires sont davantage représentés, c’est essentiellement parce que, malgré les droits et protections accordés par la loi, le rapport de force joue en défaveur des salariés, qui sont rarement en position de négocier des disponibilités et sur lesquels pèse, malgré tout, la peur du licenciement ou, plus simplement, de la mise au placard.

D’autre part, la loi de 2002 relative à la démocratie de proximité n’a pas assez renforcé les droits des élus locaux, plus particulièrement en ce qui concerne leur retour dans la vie professionnelle à la fin de leur mandat ou en cas de perte de celui-ci.

De nombreuses propositions ont déjà été formulées par notre groupe. Je citerai, par exemple, le versement aux élus de l’intégralité de leur salaire lors de leurs absences autorisées, le remboursement des frais de garde d’enfant et de personne dépendante, la reconnaissance de la compétence acquise au cours de l’exercice du mandat afin de favoriser le retour à l’emploi des élus, ou encore le maintien des indemnités en cas de chômage et de non-exercice d’un autre mandat, et ce pendant six mois à compter de la fin du mandat.

Cependant, il ne faudrait pas imaginer faire peser le financement de toutes ces propositions par les seules collectivités locales. Ces garanties accordées aux élus ont un coût : c’est pourquoi nous avions proposé, en 2001, la création d’un fonds, alimenté par les entreprises au-delà d’un certain seuil de salariés, qui servirait à prendre en charge les périodes d’absence des salariés élus du fait de leur mandat.

De même, il serait peut-être opportun de réviser le régime de la dotation « élu local », destinée à compenser leurs dépenses obligatoires liées aux dispositions législatives relatives aux autorisations d’absence, aux frais de formation des élus locaux et à la revalorisation des indemnités des maires et des adjoints, car son champ d’application est trop restreint et son montant trop faible. En effet, elle n’est versée qu’aux petites communes de moins de 1 000 habitants et son montant est aujourd’hui de 2 617 euros. Pourquoi ne pas en réévaluer le montant et la verser sans considération démographique à toutes les communes ?

L’État a également sa part de responsabilité dans la démocratisation de la vie politique locale.

Le statut de l’élu, envisagé dès les premières lois de décentralisation comme un pilier indispensable à leur mise en oeuvre, s’affirme aujourd’hui comme une exigence démocratique : tout citoyen doit pouvoir être candidat à une élection politique. Il doit bénéficier d’une sécurité matérielle et professionnelle, d’une formation et d’une clarification de son statut juridique comme de ses responsabilités : telles sont les conditions indispensables à l’émergence d’un tissu électif diversifié, à l’image de la société.

M. Puech a évoqué le mécontentement et les inquiétudes des élus. Ce constat appelle un certain nombre de réformes, afin de lever les obstacles qui conduisent trop de salariés et de femmes à renoncer à être candidats, trop d’élus à ne pas pouvoir assumer correctement leur mandat ou à devoir renoncer à se représenter en raison des difficultés trop grandes qu’ils ont rencontrées.

Si rien n’est fait pour renforcer les garanties accordées aux élus, cette situation risque de s’aggraver, en raison du transfert de compétences non compensé et de la responsabilité des élus vis-à-vis de leurs administrés, qui s’accroît au fil des lois votées ; le malaise ira grandissant.

Avec cette question orale, l’occasion nous est donnée de vous demander, madame la ministre, à la veille des élections municipales, ce que vous entendez mettre en oeuvre pour renforcer, voire créer, un véritable statut de l’élu.

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