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Les questions orales

L’ensemble des questions orales posées par votre sénatrice ou votre sénateur. Au Sénat, une question orale peut, suivant les cas, être suivie d’un débat. Dans ce cas, chaque groupe politique intervient au cours de la discussion.

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Total n’a pas d’autre horizon que la rentabilité immédiate

Avenir de l’industrie du raffinage en France -

Par / 1er avril 2010

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, la question qui nous occupe aujourd’hui est l’illustration de l’affrontement de deux logiques.

L’une est portée par les groupes pétroliers, qui, à l’instar de Total, n’ont d’autres horizons que la rentabilité immédiate, l’accumulation de profits et le versement de dividendes toujours plus élevés à leurs actionnaires. Il suffit de regarder les chiffres, n’en déplaise à Aymeri de Montesquiou !

L’autre logique, qui fait appel à l’intelligence et qui se soucie de l’avenir industriel, du développement économique, de l’indépendance énergétique, est portée par les salariés, les représentants dont ils se sont dotés et leurs syndicats.

Inutile de préciser la logique que je soutiens.

Ne disposant que de cinq minutes de temps de parole, je concentrerai mon propos sur les trois raffineries et plateformes pétrochimiques qui se trouvent en Seine-Maritime.

Le site de Total à Gonfreville-l’Orcher, qui emploie 1 500 personnes, a vu ses effectifs amputés de 250 postes, en mars 2009, du fait d’une restructuration.

Les salariés de cette usine se sont mobilisés aux côtés du personnel d’autres raffineries du groupe pour montrer leur solidarité avec leurs collègues de Dunkerque. Au-delà de cette action, il s’agissait pour eux de défendre leur propre outil de travail.

La résistance et la détermination de tous ces salariés ont eu raison d’une partie des projets de M. de Margerie.

Leur mobilisation a également contraint le Président de la République à organiser une table ronde consacrée à l’avenir du raffinage. Néanmoins, le délai de cinq ans qui a été annoncé représente une épée de Damoclès sur le devenir de ce secteur.

Les salariés du site de Gonfreville-l’Orcher avaient anticipé les éventuels retournements de conjoncture ou les modifications susceptibles d’affecter la consommation de carburants. La droite, quant à elle, semble découvrir la situation. Elle oublie surtout de citer certains chiffres, notamment les profits de Total.

Ces salariés avaient ainsi proposé la construction d’une unité dite de « conversion profonde », ce qui aurait permis de traiter ce qu’on appelle le fond de baril et de fabriquer des produits pétroliers légers. La pérennité du site aurait donc été assurée quoi qu’il arrive. Ils se sont malheureusement heurtés à la surdité des dirigeants du groupe, dont la seule préoccupation était et demeure les résultats financiers.

Les 220 millions d’euros d’investissement promis par Total, dont vous nous parlerez peut-être dans votre intervention, monsieur le ministre, relèvent de l’effet d’annonce et ne créeront aucun emploi. J’ai en effet appris ce matin qu’un plan de suppression de 290 emplois, hors sous-traitants, est à l’œuvre. Pour mémoire, je le rappelle, car la droite se garde bien de donner ces chiffres, un emploi dans l’industrie pétrolière induit cinq emplois chez les sous-traitants.

La capacité de raffinage du site de Gonfreville-l’Orcher sera donc réduite d’un tiers, soit l’équivalent de la production de la raffinerie de Dunkerque. Onze millions de tonnes seront désormais raffinés, contre seize millions auparavant.

J’en viens au site d’Exxon à Notre-Dame-de-Gravenchon, qui compte 1 100 salariés et qui est adossé à un site pétrochimique où sont employées 1 400 personnes.

Un plan de restructuration du secteur des huiles est là aussi actuellement à l’œuvre. Il vise à supprimer 70 emplois, qui viendront s’ajouter aux 500 postes déjà supprimés en 2000 lors de la fusion entre Mobil et Esso.

Les salariés et leurs représentants ne sont pas, là non plus, restés dans l’expectative. Depuis de nombreuses années, ils proposent que des investissements soient réalisés dans des installations permettant de produire plus de gazole afin de participer au rééquilibrage de la production intérieure de ce carburant.

Enfin, je voudrais évoquer la situation de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, dans la banlieue de Rouen.

Cette entité était autrefois la propriété de Shell. En 2007, à l’image des projets actuels de Total, la multinationale anglo-néerlandaise a décidé de s’en séparer afin de délocaliser le raffinage dans les pays producteurs.

La mobilisation des salariés et le soutien des élus locaux ont permis à cette usine d’échapper à ce destin funeste et de trouver un repreneur, à savoir une société dont le raffinage est le cœur de métier, même si le centre de recherche a été délocalisé en Chine.

Une fois de plus, l’action revendicative a été payante : les emplois ont été préservés, 44 nouvelles embauches ont été acquises et 73 millions de dollars sont désormais consacrés à la maintenance et à la réinternalisation, là où Shell ne dépensait que 11 millions de dollars.

Oui, nous pensons qu’il faut l’intervention des salariés pour faire bouger les choses, n’en déplaise à nos collègues de l’UMP, qui, tout à l’heure encore, ne rendent pas compte de la réalité !

C’est pourquoi, monsieur le ministre, avant cette table ronde, notre groupe vous incite à prêter l’oreille non seulement aux syndicats, aux salariés - considérez leur intelligence, leur esprit de responsabilité, leur attachement à leur outil de travail -, mais aussi à tous les élus de la nation.

Je pense plus que jamais, à l’instar de Martial Bourquin et de Jean-Claude Danglot, qu’il est d’actualité d’avoir un contrôle public pour servir l’intérêt général.

Je pense également plus que jamais que la question de notre indépendance énergétique est aujourd’hui posée. En la matière, nous avons besoin de réponses.

Je pense enfin, au regard du dernier conflit qui s’est déroulé dans les usines de raffinage en France, qu’il est plus que jamais d’actualité d’octroyer un droit d’intervention et de décision aux salariés, à leurs représentants et à leurs organisations syndicales dans la gestion de leur entreprise.

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