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Les questions orales

L’ensemble des questions orales posées par votre sénatrice ou votre sénateur. Au Sénat, une question orale peut, suivant les cas, être suivie d’un débat. Dans ce cas, chaque groupe politique intervient au cours de la discussion.

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Traitements hormonaux substitutifs

Par / 13 janvier 2004

par Marie-Claude Beaudeau

Je voudrais évoquer l’angoisse vécue par dix millions de femmes ménopausées, qui représenteront la moitié de la population féminine française en 2050. Or, nous ne connaissons pas encore la position de M. Mattei sur ce problème de santé publique, ni sur les éventuelles décisions en préparation.

 Alors que les T.H.S. sont présents pour prévenir l’ostéoporose, voilà qu’on les soupçonne de favoriser le cancer du sein. La presse a fait état d’interrogations, en 2003, alors même que cet élixir de jouvence passait pour être efficace contre les troubles fonctionnels de la ménopause.

 C’est un problème de santé publique, car une française sur deux, âgée de 50 à 55 ans, suit un traitement de T.H.S. Ce traitement permet de contrôler des symptômes très pénibles, et de prévenir l’ostéoporose laquelle peut conduire aux fractures redoutées du col du fémur. Le T.H.S. a été délivré à deux millions de femmes en 2002. Des risques graves seraient encourus en matière cardiovasculaire et de cancer du sein.

 Deux organismes officiels ont pris position, en attendant que le ministre se prononce : l’Académie de médecine ne remet pas en cause le T.H.S., mais préconise un traitement le plus court possible, avec de faibles doses ; sous la signature de son directeur général, l’Agence française de sécurité sanitaire a annoncé, le 28 janvier 2003, que l’autorisation de mise sur le marché (A.M.M.) sera modifiée afin d’intégrer le risque cardiovasculaire, mais sans évoquer celui du cancer du sein.

 L’agence fonde sa décision sur deux études, américaine et anglaise. La première, publiée en juillet 2002, portait sur 16 000 patientes et concluait que le T.H.S. n’était d’aucun bénéfice en terme de prévention des risques cardiovasculaires ; les risques de cancer du sein et de thrombose veineuse seraient accrus.

 De nombreux articles de presse ont répercuté les résultats de cette étude, provoquant l’angoisse des intéressées dont 32 % ont arrêté leurs traitements, entre septembre 2002 et juillet 2003. Un grand nombre de médecins gynécologues laissent désormais le libre choix à leurs patientes.

 Devant notre commission des Affaires sociales, madame la Ministre, M. Mattei déclarait, le mois dernier, que la suspension du traitement évite la possible survenue du cancer du sein. Affirmation bien hasardeuse !

 Pourquoi n’avez-vous pas décidé une étude sérieuse et d’envergure sur ce traitement ? Les références américaines et anglaises ne sont pas suffisantes pour décider des conséquences d’un T.H.S. appliqué aux femmes de notre pays. Il ne faudrait pas diaboliser le T.H.S., après l’avoir encensé. Il ne faudrait pas non plus qu’à chaque progrès vers le mieux vivre des femmes, on assiste à un retour en arrière.

 Quels sont les bienfaits ou les méfaits des T.H.S., madame la Ministre ? Une étude épidémiologique est-elle envisagée ? L’heure n’est plus aux faux-fuyants.

 Mme BOISSEAU, secrétaire d’État aux personnes handicapées. Les traitements hormonaux substitutifs (T.H.S.) consistent à compenser l’arrêt de sécrétion ovarienne survenant chez la femme ménopausée, par l’association d’un estrogène et d’un progestatif par voie générale qui protège du risque du cancer de l’endomètre. Ils ont deux objectifs : le traitement des symptômes de carence en estrogène, lors de l’installation de la ménopause et, à plus long terme, le traitement à visée préventive de la perte osseuse post- ménopausique pour éviter la survenue de fractures.

 En 2001, dans le cadre du rapport de l’Académie de médecine sur la prévention, le problème du bilan entre les bénéfices du T.H.S. et ses risques a été soulevé. En 2002, une étude américaine Women’s health initiative a considéré que les risques étaient supérieurs aux bénéfices du traitement : risques du cancer du sein, de thrombose veineuse, d’embolie pulmonaire, auxquels s’ajoute un risque cardiovasculaire artériel.

 Le 28 janvier 2003, l’AFSSAPS, se basant sur l’avis d’un groupe d’experts, a diffusé des recommandations de bonnes pratiques s’alignant sur la position américaine : le T.H.S. agit bien sur les symptômes de la ménopause et prévient les fractures ostéoporatiques. En revanche, il n’a pas d’effet préventif dans le domaine cardiovasculaire et il augmente la fréquence du cancer du sein, ce risque disparaissant avec l’arrêt du T.H.S.

 L’AFSSAPS recommande donc de n’utiliser ce médicament que pour le traitement des symptômes et d’en limiter son utilisation.

 Plusieurs études épidémiologiques sont actuellement menées par des équipes de l’INSERM à qui il a été demandé de faires de nouvelles propositions.

 Mme Marie-Claude BEAUDEAU. Votre réponse me laisse sur ma faim et je suis étonnée que l’on ait pas plus avancé sur cette question.

 Au moment où les études américaines ont été publiées, les médecins et des chercheurs ont rappelé que les T.H.S. en cause n’étaient pas les mêmes que ceux utilisés en France et que la population étudiée n’avait pas le même mode de vie et surtout les mêmes habitudes alimentaires que nous.

 En outre, l’étude anglaise semble incomplète. La M.G.E.N., quant à elle, vient de terminer une étude sur 100 000 femmes et une publication scientifique devrait intervenir d’ici peu, comme l’a précisé le responsable en novembre. Un autre article devrait prochainement compléter l’étude anglaise dont les traitements de référence différaient des nôtres.

 Pourquoi ne pas lancer une étude dans notre pays afin de contrôler celle menée par la M.G.E.N. sur ses adhérentes ? M. Mattei avait annoncé le 26 septembre que l’Agence du médicament livrerait ses conclusions avant novembre. J’ai attendu janvier, mais aucune décision n’a été prise…

 De deux choses l’une : ou bien ces médicaments sont dangereux pour la santé des femmes, et il faut les interdire, ou bien leur efficacité est prouvée, et il faut continuer à les prescrire.

 Les femmes et les médecins se demandent à quel moment on les a trompés : il y a vingt ans, quand on vantait ces traitements, ou maintenant, alors qu’ils sont décriés ?

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